La communauté artistique marocaine a perdu l'un de ses piliers avec le décès d'Hamid Fardjad, survenu paisiblement dans son sommeil à Marrakech. Cet artiste polyvalent, qui avait fait de la ville ocre sa patrie d'adoption depuis trois décennies, laisse derrière lui un héritage culturel considérable
Natif d'Iran, Fardjad avait tissé des liens profonds avec l'École Supérieure des Arts Visuels (ESAV) de Marrakech, où son influence reste palpable. "En tant que cinéaste, Hamid a été associé aux premières discussions préalables à la création de l'ESAV. Il a contribué à l'élaboration du programme pédagogique et s'est engagé avec passion pour transmettre son art", témoigne Vincent Melilli, cofondateur et premier directeur général de l'établissement.
Sa carrière d'acteur a connu un moment particulièrement marquant en 2016, lorsqu'il a incarné le rôle du vieux sheikh dans "Mimosas", une œuvre remarquée d'Oliver Laxe tournée dans l'Atlas marocain. Ce film a permis au public international de découvrir la présence magnétique de cet artiste aux multiples facettes.
L'empreinte de Fardjad sur la scène culturelle marocaine s'est également manifestée à travers sa collaboration avec le célèbre cinéaste Abbas Kiarostami, lors de sa visite à l'ESAV en 2007. Cette rencontre mémorable a inspiré toute une génération d'étudiants devenus aujourd'hui des professionnels reconnus du cinéma.
"Les étudiants des premières promotions retiennent son exigence, la précision de son goût, sa sagesse et son talent", souligne Melilli, avant d'ajouter avec émotion : "Marrakech perd un grand artiste et nous perdons un ami cher, sincère et généreux. Il nous manque déjà."