Les « Instants de transition » de CinéMaghreb : trois films pour relire le Maghreb post‑révolutions

Rédigé le 20/12/2025
Cinéma | سينِما

​Avec son premier cycle intitulé « Instants de transition », CinéMaghreb ressort en salle trois films marquants du début des années 2010, chacun offrant un regard singulier sur des sociétés tunisienne, marocaine et algérienne prises dans le tumulte des révoltes, des mutations urbaines et des mémoires blessées. Le rendez‑vous est donné un dimanche sur deux, à 18h, au cinéma Élysées Lincoln, pour redécouvrir ces œuvres dans les conditions du grand écran et prolonger le débat sur l’avenir du cinéma maghrébin contemporain. 



Le cycle s’ouvre avec « Le Challat de Tunis » de Kaouther Ben Hania, faux documentaire aussi drôle que dérangeant qui remonte la trace d’un mystérieux agresseur à moto balafrant les femmes dans les rues de Tunis, entre rumeur urbaine, misogynie ordinaire et questionnement sur la place du corps féminin dans l’espace public, avant et après la révolution.

Une semaine plus tard, « C’est eux les chiens » d’Hicham Lasri suit Majhoul, ancien prisonnier politique relâché au cœur du Printemps arabe, traqué par une équipe de télévision qui espère faire de son errance à Casablanca un spectacle, satire féroce des médias et portrait nerveux d’un Maroc en perpétuel mouvement.  

Le cycle se clôt avec « Demande à ton ombre » de Lamine Ammar Khodja, retour intime d’un cinéaste à Alger après des années d’absence, où la redécouverte de la ville se mêle à une quête de mémoire personnelle et collective, entre souvenirs de violence et désir de renaissance. En réunissant ces trois œuvres autour du motif de la transition, CinéMaghreb propose bien plus qu’une simple rétrospective : une cartographie sensible du Maghreb post‑2011, où chaque projection devient l’occasion de confronter l’imaginaire des révolutions à la réalité, parfois déceptive, de leurs lendemains.